La première partie de l'étude de cas britannique
est consacrée à la description de la situation actuelle de l'enseignement
des langues étrangères en Grande-Bretagne - la mise en place de l'enseignement
bilingue devant apparaître comme un phénomène rare, exception faite
des contextes bilingues gallois, écossais et irlandais. .
Malgré cela,
on trouve quelques remarquables pionniers en matière d'enseignement
bilingue.
Le Projet
d'Histoire Européenne de Park View School, Chester-le-Street, Conté
de Durham
Contexte
Le projet de
Park View est un excellent exemple de ce qui peut être réalisé en dépit
des restrictions du contexte britannique.
Park View School
est une école publique mixte (11 à 18 ans, système d'enseignement non
sélectif) du Comté de Durham dans le nord-est de l'Angleterre, et a
obtenu le statut de Language College en 1998. Le conseil régional de
Durham est jumelé avec le département de la Somme et a depuis de nombreuses
années un rôle actif dans le développement de projets éducationnels
et d'échanges scolaires. Les professeurs de langues des écoles secondaires
de Durham ont joué un rôle clé dans le maintien de ces liens internationaux
et, afin de permettre à leurs élèves de mieux tirer parti des échanges
avec leur école jumelle, un projet du Bureau central de visites éducatives
et d'échanges, visant au développement des programmes scolaires a été
lancé en 1996. Quatre écoles du comté ont intensifié les contacts et
les échanges dans le cadre du jumelage pour inclure une étude des deux
guerres mondiales. Park View School a décidé d'élaborer un projet basé
sur la vie de la population civile en France pendant la seconde guerre
mondiale; ce projet comportait des leçons dispensées par la section
d'histoire et celle des langues vivantes, ainsi qu'un travail de recherche
auprès de leurs contacts au Collège Amiral Lejeune à Amiens.
Ce programme été entrepris conjointement par les professeurs d'histoire
et ceux de langues vivantes, mais il s'inscrivait dans la politique
générale de l'établissement qui vise à donner au programme scolaire
une dimension européenne. Le projet a été primé (Mary Glasgow Languages
Trust Award) en 1998 et s'est élargi en 1999 pour inclure une école
de Kamp-Linfort en Allemagne, permettant aux élèves d'étudier la vie
de la population civile en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne,
pendant la guerre. En 1999 il a obtenu un autre prix, décerné conjointement
par le ministère de l'Éducation et le CILT, pour un enseignement innovateur
des langues étrangères.
Tous
les élèves de 9ème année (13 à 14 ans) ont participé au projet, quel
que soit leur niveau d'aptitude, et certains des participants étaient
des enfants souffrant de difficultés d'apprentissage scolaire (SEN );
dans ce sens le projet était non sélectif. Toutefois, cet enseignement
ne pouvait être dispensé que dans les classes de 9ème année; en 10ème
année l'histoire est une matière à option et le niveau linguistique
des élèves de 7ème et 8ème années n'aurait pas été suffisant. En 1997-98,
les classes de 9ème année comptaient en tout 228 élèves. Quatre enseignants
du collège français participaient au projet ainsi que 4 professeurs
de français et 3 d'histoire à Park View School. Bien qu'une étroite
collaboration entre les sections de langues et d'histoire ait été essentielle,
et considérée comme étant un bénéfice supplémentaire, ce sont les professeurs
de français qui ont donné ces cours.

Finalités
et objectifs
Le projet avait pour but de "permettre une prise de conscience de l'Europe
et d'accroître l'usage de langues étrangères dans le contexte d'autres
matières scolaires."
Des buts plus spécifiques étaient:
-
donner un but
précis à l'apprentissage de la langue - c'est-à-dire des interlocuteurs
en France;
-
motiver les
élèves à utiliser le français, les garçons en particulier;
-
améliorer les
compétences en histoire.
Objectifs spécifiques: les élèves apprendraient comment:
-
faire des interviews,
en français et en anglais;
-
évaluer l'utilité
des témoignages transmis oralement;
-
formuler des
questions pour leur recherche, en français et en anglais
-
utiliser des
matériaux divers dans ces deux langues;
-
demander et
donner des renseignements, de différentes manières et dans les deux
langues;
-
comparer les
expériences française et anglaise de la seconde guerre mondiale.

Structure du projet
Les contenus d'enseignement sont exactement ceux du programme d'histoire
de la 9ème année - programme qui aborde la Seconde Guerre Mondiale,
la Blitzkrieg (guerre-éclair), l'invasion et l'occupation de l'Europe
par les Allemands, et intègre une analyse historique orale de la vie
des civils en Grande-Bretagne à cette époque. La transition avec l'étude
d'un sujet similaire dans un pays différent n'est pas seulement plus
aisée du fait de la connaissance préalable de la langue par les élèves,
mais ce paraît être aussi une progression naturelle. Le projet peut
être divisé en quatre parties :
-
Des cours d'histoire
en anglais, comprenant une évaluation de l'utilisation des sources
orales ainsi qu'une enquête personnelle de la part des élèves, sur
la base d'entretiens avec des gens du pays ayant vécu la Seconde
Guerre Mondiale.
- Des cours de français comprenant
des questionnaires adressés à l'établissement scolaire jumelé en France,
pour que les élèves français interrogent des gens sur l'occupation
de la Somme et échangent des informations avec les élèves de Park
View. .
- Des cours de Français impliquant
des informations d'ordre général sur l'occupation de la France, le
rationnement, une étude d'Oradour, les enfants et leur expérience
de la guerre, et des entretiens.
- Des cours d'histoire durant
lesquels les élèves font part aux professeurs de ce qu'ils ont appris
pendant les cours de Français, incluant une comparaison de la vie
en Grande-Bretagne et en France sous forme de rédaction.
Les travaux de l'ensemble du projet firent ensuite l'objet d'une présentation
devant le Conseil du Conté de Durham, des parents et de l'école tout
entière.
L'étude de
cas traite des sujets tels que le personnel, les matériaux pédagogiques,
les problèmes de la classe, les réactions des élèves et s'achève sur
la conclusion suivante :
"Il est évident
que l'engagement et la volonté sont bien présents du côté des enseignants
et des parents dans certains secteurs, mais un soutien politique national
est absolument vital pour susciter quelque changement que ce soit dans
les stratégies adoptées par les jurys des examens. L'expérience de St
Lambert a prouvé qu'un groupe de parents et de professeurs profondément
motivés pouvaient modifier le cours des politiques gouvernementales
- est-ce là le seul moyen ?"
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